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La souffrance animale porte sur la condition animale dans ses aspects les plus douloureux, en un sens le plus large possible. Cet ouvrage interdisciplinaire s’intéresse aux animaux placés sous la tutelle humaine, mais n’ignore pas la souffrance de ceux qui vivent libres. Il donne la priorité aux situations concrètes au cours desquelles les animaux endurent des souffrances sous l’emprise humaine : capture d’individus destinés aux parcs zoologiques européens, boucherie des chiens en Corée du Sud, élevages de cochons en Chine, expérimentation animale en Europe.
Cet ouvrage entend fournir une photographie la plus pertinente possible de la réification des animaux et de leur marchandisation pour penser ces phénomènes. La réflexion s’oriente également vers la quantification de l’altruisme envers les animaux, vers le problème moral des différents types de dommages qu’ils subissent, puis vers les points de vue des sciences vétérinaires, de la biologie et de l’éthique appliquées à propos de leurs émotions, de leur souffrance et de leur mort.
1. Extraction et gestion des animaux captifs, du XVIIIe siècle à nos jours
2. Le bien-être des porcs en Chine
3. Regard ethnographique sur les chiens « hors-la-loi » en Corée du Sud
4. La condition juridique de l’animal en droit de l’Union européenne
5. Prendre en compte la douleur des animaux soumis à des procédures expérimentales
6. Altruisme envers les animaux et économie
7. Faire souffrir ou tuer
8. La souffrance des animaux sauvages
9. Réflexions sur l’éthique de la médecine vétérinaire
10. Douleur et peur chez les poissons : impact de la recherche sur les usages
11. Bien-être, sentience et douleur : concepts, éthique et attitudes
Florence Burgat
Philosophe et directrice de recherche à l’École normale supérieure, Florence Burgat développe une phénoménologie de la condition animale, notamment dans ses aspects psychiques.
Émilie Dardenne
Émilie Dardenne est angliciste, maîtresse de conférences HDR à l’Université Rennes 2 où elle est responsable pédagogique du diplôme d’université « Animaux et société ». Elle est membre senior de l’Institut universitaire de France.
Chapitre 1
Extraction et gestion des animaux captifs, du XVIIIe siècle à nos jours (pages : 9-31)
Ce chapitre examine le processus de marchandisation des animaux sauvages pour les transformer en animaux de compagnie ou en figures ostentatoires. Il porte sur le temps long, depuis l’avance impériale jusqu’aux contextes décoloniaux, et souligne l’évolution des politiques humaines qui guident les circulations animales ainsi que leurs incidences sur les vécus animaux. Il confronte enfin l’ensemble aux questionnements éthiques.
Chapitre 2
Le bien-être des porcs en Chine (pages : 33-56)
Ce chapitre s’intéresse à l'élevage porcin chinois et à son lien avec les politiques publiques. L’importance de cette production animale pour la sécurité alimentaire du pays est telle que le gouvernement laisse l'agro-industrie orienter les lois et les pratiques pour servir ses intérêts commerciaux. Il en résulte une intensification croissante des élevages et une aggravation des conditions de vie des cochons.
Chapitre 3
Regard ethnographique sur les chiens « hors-la-loi » en Corée du Sud (pages : 57-78)
La confrontation entre les discours officiels sud-coréens en matière de « bien-être animal » et les pratiques observées sur le terrain dans le plus grand « marché humide » du pays met en lumière un immense fossé. S’appuyant sur une enquête d’ethnographie de terrain, ce travail illustre les souffrances, dommages et maltraitances subis par les animaux vendus, échangés ou consommés dans ce type de marché.
Chapitre 4
La condition juridique de l’animal en droit de l’Union européenne (pages : 79-97)
Bien que les traités constitutifs ne lui attribuent aucune compétence pour protéger les animaux, l’Union européenne n’ignore pas que certaines activités économiques régies par ses normes impliquent des animaux auxquels il peut être causé beaucoup de torts (transport, abattage, élevage, expérimentation). Ce chapitre explore le champ d’application et les limites de la protection juridique des animaux dans ce cadre.
Chapitre 5
Prendre en compte la douleur des animaux soumis à des procédures expérimentales (pages : 99-124)
Ce chapitre s’appuie sur les données chiffrées et l’approche réglementaire de la douleur des animaux soumis à des expériences en laboratoire pour décrire et analyser la nature des procédures auxquelles ils sont soumis. Il analyse le fonctionnement des instances évaluatrices, la pression des lobbies et les freins à la prise en compte des intérêts des animaux.
Chapitre 6
Altruisme envers les animaux et économie (pages : 125-143)
Ce chapitre présente les méthodes permettant de mesurer l'utilité altruiste qui résulte d’un meilleur traitement des animaux et montre les gains d'utilité que les humains eux-mêmes pourraient en retirer. Il illustre l’intérêt grandissant que l’action en faveur des animaux suscite, intérêt qui s'inscrit ici dans le courant de l'altruisme en économie comportementale et en économie du bonheur.
Chapitre 7
Faire souffrir ou tuer (pages : 145-156)
En éthique animale, s’il existe un large consensus sur le fait que faire souffrir les animaux est moralement problématique, certains soutiennent que tuer des animaux ne pose pas le même problème. Comment justifier que nous ne soyons pas autorisés à frapper un animal, alors que nous serions autorisés à le tuer ? Ce chapitre évalue les trois principales justifications mobilisées à l’appui de cette idée.
Chapitre 8
La souffrance des animaux sauvages (pages : 157-177)
Selon une opinion relativement répandue, les animaux sauvages vivent bien, du moins s'ils ne sont pas blessés par l'action de l'homme. Malheureusement, il s'agit là d'une vision inexacte. Ce chapitre met au jour les nombreuses sources de préjudice pour les animaux sauvages, notamment les maladies, les conditions météorologiques défavorables, la faim, la malnutrition, le parasitisme et les accidents, entre autres.
Chapitre 9
Réflexions sur l’éthique de la médecine vétérinaire (pages : 179-204)
Ce chapitre sur l’éthique vétérinaire, au-delà des théories morales comme le principlisme, la casuistique, les éthiques narratives, etc., s’attache à se libérer des justifications en éthique. Il propose une éthique pratique vétérinaire sans fondation soucieuse à la fois de la vulnérabilité de l’animal individuel et de la prise en compte d’une autre vulnérabilité, celle des soignants, transformés par leur travail.
Chapitre 10
Douleur et peur chez les poissons : impact de la recherche sur les usages (pages : 205-233)
Ce chapitre traite de la souffrance et de la peur chez les poissons, en s’appuyant sur les récentes études biologiques qui montrent la capacité de ces animaux à éprouver des états émotionnels négatifs, comparables à ceux des mammifères. Ce chapitre défend également l’idée que les données scientifiques produites sur les poissons ont des incidences importantes sur le plan éthique.
Chapitre 11
Bien-être, sentience et douleur : concepts, éthique et attitudes (pages : 235-252)
Les recherches ont fourni des informations sur les besoins des animaux détenus par l'homme. La connaissance de ces besoins permet de créer des conditions favorables au bien-être des animaux, notamment en évaluant leur état de santé et de stress. Parce que ces derniers éprouvent en effet de la douleur et des sentiments, il convient de prendre en compte leurs intérêts.